Les canaux de Patagonie, un moment d'éternité (suite et fin)
Pour nous tous, le cap Horn et les canaux de Patagonie sont des lieux mythiques. Dans les 40° /50° sud, on ne peut plus se mentir ou se faire d'illusion sur les qualités du capitaine, de l'équipage et du bateau.
C'était important pour moi, après 50 000 milles avec Matin Bleu dans les eaux tièdes des tropiques de le faire naviguer dans des conditions réputées rudes et difficiles. Mon but en prenant cette route sud était de confirmer la fiabilité et la performance des ailes même par vents forts. J'avais aussi envie de connaître cet endroit étonnant où l'homme n'a pu laisser son empreinte.
Un paysage de début du monde
Souvent la beauté des canaux m'a laissé sans voix. J'ai aimé cette nature vierge. Nous sommes très contradictoires: nous voulons sans cesse laisser notre empreinte tout en rêvant de paysages inexplorés. Les canaux offrent encore cette impression d'être les premiers hommes marchant là où nul n'a encore mis sa marque.
Une multitude d'îles sans village, sans maison, sans route ni chemin. Un décors de roches, d'eau et de mousses. Même les animaux sont rares.
J'ai éprouvé la même sensation qu'au milieu du désert ou du Pacifique: être seul dans un environnement naturel où les règles de l'homme n'interviennent pas.
Pour certains, cela peut être déstabilisant, pour ma part, j'ai l'impression de devenir un simple élément d'un Tout qui m'intègre et m'englobe. Une forme de communion avec l'ensemble de l'univers.
Une navigation moins éprouvante que prévue
Nous avons eu dans la première partie, de Puerto Montt jusqu'au canal de Magellan, des conditions météo correctes: peu de brouillard, assez souvent du soleil et des vents moyennement forts. Malgré tout, j'ai trouvé la navigation dans les canaux moins périlleuse que ce que j'avais entendu dire.
Les canaux sont ,en général, sains. Les courants sont assez faibles, les surventes ,en sortie de canal, prévisibles. Ma connaissance des passes et lagons des îles du pacifique m'ont bien préparé à ce type de navigation.
Il est certain qu'il faut être vigilant, prêt à toujours intervenir, prévoir avant de devoir subir.
Le froid et l'humidité sont vraiment omniprésents. Il faut être très bien équipé: le voilier tout comme l'équipage.
A l'intérieur des canaux, nous sommes bien protégés des vents forts qui soufflent dehors et qu'on affrontent sur les crêtes lors de nos balades à terre.
Merci aux Chiliens
Nous avons vraiment apprécié le contact avec les chiliens. Ils sont accueillants, ouverts et prêts à aider. Les rapports quotidiens avec les autorités militaires ont été simples et agréables.
Conseils aux futurs navigateurs
Je n'ai navigué qu'une saison d'été, mon expérience est limité. Je vous transmets des infos sur les quelques points qui me paraissent incontournables pour pouvoir apprécier en toute quiétude cet espace.
Un bateau marin et équipé pour le froid
Sur une période de plusieurs semaines, même en été, il faut s'attendre à subir des vents forts ( plus de 40 nœuds) pendant plusieurs heures. Le bateau doit être prêt, en bon état général et marin. Le froid oblige à agir efficacement et rapidement.
Matin Bleu a été complètement révisé avant de partir pour limiter les risques de pannes, difficilement réparables dans ce coin du monde.
Il est équipé d'un poêle qui a permis de nous chauffer au mouillage. Le mieux est un chauffage à air pulsé qui réduit l'humidité dans le bateau.
Nous n'avons pas utilisé le radar, ayant eu peu de brouillard.
Le téléphone satellitaire m'a permis d'avoir une météo quotidienne précise et à faciliter le contact avec les gardes côtes*.
* Lors de ce contact, on donne la position du bateau. Si un problème survient, les gardes côtes peuvent, ainsi, intervenir rapidement.
cargo échoué au sud de Puerto Eden
Avant d'entrer au Chili:
il est préférable d'annoncer son arrivée par mail à controltraficopxm@directemar.cl ou au moins en VHF
Les autorités donnent un numéro d'identification pour le bateau, si vous les contactez à l'avance.
Vous pouvez demander d'aller directement à la marina oxceane à Puerto Montt pour faire les papiers d'entrée.
Avant de partir de Puerto Montt, il faut
rien oublier en vivre, carburant, médicament ...
avoir une bonne combinaison de plongée car il y a souvent des filets ou bouts provenant des fermes aquacoles flottant entre deux eaux qui peuvent se prendre dans l'hélice.
Posséder de bonnes bottes en caoutchouc pour les balades à terre.
Pour les mouillages
Il faut prévoir d'être au moins deux pour ancrer le bateau. L'un d'entre nous allait à terre en annexe avec des amarres en polypropylène car elles flottent ( cela permet de manœuvrer sans risque de les prendre dans l'hélice).
Pour des infos complémentaires, n'hésitez pas à nous contacter
A bientôt
Guy et Maryline