La remontée de l'atlantique: du près … encore du près !!
Le brusque changement de météo nous oblige à modifier notre programme. Nous abandonnons l'idée d'aller tourner autour du Cap Horn et décidons de sortir des canaux par le détroit de Magellan.
Nous n'aurons pas le droit à la boucle d'oreille des valeureux marins du Horn.
Un départ mouvementé
Le temps de faire les papiers et les courses à Punta Arenas, nous constatons une dégradation du temps qui nous fait nous hâter. Nous quittons le mouillage avec une prévision de 25 nœuds et nous subissons dans cette mer intérieur plus de 40 nœuds avec des rafales à 50 / 60 nœuds, nous obligeant à nous réfugier dans le seul abri possible sur cette zone: la Bahia Genete Grande, juste derrière la pointe sud ( 53 sud / 70.19 ouest).
Deux jours à attendre que le vent se calme un peu, le 1 avril, nous décidons de lever l'ancre de nuit pour affronter les passages resserrés de la sortie avec une marée favorable. Ce ne fut pas une partie de plaisir mais nous avons réussi à passer les deux détroits sur un seul flux. Nous avons croisé plusieurs cargos dans le détroit de Magellan, mais pas de problème: équipage très pro et sympa.
Nous mouillons près de la Punta Tandy ( 52°15 sud / 69.22 ouest) pour attendre la marée et sortir dans de bonnes conditions et surtout dormir un peu.
Vers 13 h le 3 avril nous laissons les côtes chilienne, à 20 h le vent souffle à plus de 40 nœuds, les ailes sous 4 ris Toute la nuit , il va se déchainer à 50 nœuds allant jusqu'à 60 nœuds. La mer est en formation, déjà très creuse mais encore courte. Le vent est plein arrière mais le pilote va pouvoir assumer. Matin Bleu cavale et va faire des surfs à 25 nœuds.
Le plus dur, c' est le froid: 4° avec le vent: c'est pire que le mistral!
Le sud nous a montré qu'il ne fallait pas le mésestimer. Une vague scélérate va coucher le voilier. A cet instant, je suis content d'avoir bien préparé le bateau. Ce n'était vraiment pas du temps perdu !
Matin Bleu nous a surpris pas sa capacité de vitesse et sa stabilité. Je ne pensais pas qu'il puisse surfer à 25 nœuds sous pilote et en plus avec autant de facilité. Cette vitesse nous a permis de ne pas nous faire rattraper par les vagues tout en faisant route en toute sécurité malgré les conditions.
La remontée jusqu'au Brésil
Nous allons faire la course avec les dépressions qui remontent vers le nord mais nous garderons une petite avance sur elles. Il était vraiment temps de quitter la zone, les vents vont rester forts à très forts sur le grand sud.
Nous espérons du vent de sud / sud ouest qui ne viendra pas. Le vent va se maintenir au nord / nord est, nous obligeant à vivre penchés pendant près de 3000 milles.
Nous allons quitter progressivement les températures extrêmes. Je réalise que j'ai dormi recroqueviller pendant toute cette période. Nous allons apprécier de naviguer enfin dans les tropiques. Pouvoir de nouveau s'habiller d'un simple t-shirt est un vrai plaisir.
La navigation au près nous empêchent d'ouvrir les capots du voilier. L'humidité est toujours omniprésente.
Nous rêvons de dormir à plat, de marcher sur de longues étendues de sable chaud... vivement le Brésil: son rhum, la samba et le sourire des jeunes filles !
Le Brésil
J'ai rêvé, dès mon premier voyage, d'aller au Brésil. L'escale à Natal a été courte alors je ne peux que donner une impression superficielle et rapide. C'est une grande ville en pleine mutation comme une grande partie du pays. Elle se modernise: immeuble, hypermarché comme en France ( même marque), circulation... la vie est chère et les rencontres pas aussi faciles que je pouvais l'imaginer. Cette halte nous a permis de nous reposer mais je n'en garde pas un grand souvenir.
Par chance, Natal est une des villes les plus sûres du pays, ce que je confirme.
L'atlantique nord
Après 2 jours de vent de travers, nous avons repris notre position penchée que nous avons gardé jusqu'au Açores. Cette année le vent était nord est. Nous avons du faire avec. Par chance, il n'était pas trop fort entre 10 à 20 nœuds en moyenne.
Nous avons commencé cette traversée en étant malade: une sorte de grippe qui a persévéré plusieurs jours.
Nous avons croisé beaucoup de bans de sargasses.
En remontant sur les Açores, nous avons quitté la chaleur pour connaître le printemps avec les jours qui se rallongeaient à vu d’œil puis nous avons retrouvé le froid et remis la polaire en approchant du 30° nord.
Je commence à réaliser que je rentre en France. La fin du voyage se rapproche. Maryline cherche un lieu où Matin Bleu puisse s’amarrer.
Il est temps d'arriver, je découvre que la toile neuve du haut des ailes, que j'ai refait à Nouméa avant le départ, se déchire. ( voir l'article « Voile Aile: déchirure... déchirure! »
Les Açores
Une très belle escale par l'accueil des açoriens, la beauté des paysages, la qualité de vie préservée.
Au niveau climat, c'est très océanique et frais.
Je serai bien resté plus longtemps pour découvrir les différentes îles, prendre le temps de vivre au rythme des habitants.
Nous avons pu refaire le haut des ailes sur les quais de Horta, un voilier m'ayant vendu un vieux génois. Il nous tarde d'arriver en France. Déjà juin, bientôt 7 mois sans voir ma famille, près de 6 mois depuis le départ de Nouméa.
Dernière ligne droite
le vent est avec nous, les conditions faciles. En une semaine , nous allons parcourir les derniers miles ( environ 1300 ).
Une très belle traversée avec de l'animation pour une fois. Le vent faible des premiers jours nous permet de doubler deux fois le Bel Espoir qui avance au moteur; c'est l'occasion d'échange de crêpes contre du rhum et des fleurs. Le vent va forcir grâce à une dépression qui passe plus au nord permettant à Matin Bleu de retrouver des moyennes journalières agréables (autour des 190 miles / 24 heures) .
L'arrivée au petit matin, dans le brouillard, nous empêche de voir Belle Ile. Nous découvrons la Vilaine, havre de paix et de verdure après tous ces mois en mer.
Matin Bleu replie ses ailes en attendant un nouveau départ vers d'autres aventures.
A suivre
Le blog continue même si le voyage s'est terminé
Vous avez été nombreux à vous interesser au blog: pour le voyage et aussi pour le voilier.
Vous nous avez souvent posé des questions pertinantes sur des aspects techniques.
C'est pourquoi, nous vous proposons de poursuivre en écrivant des articles sur des points spécifiques.
Le premier thème portera sur le gréement et les ailes du voilier. N'hésitez pas à donner votre avis , à poser des questions.
Donc à très bientôt !
Guy et Maryline